Livestock Research for Rural Development 20 (10) 2008 | Guide for preparation of papers | LRRD News | Citation of this paper |
Les performances de croissance de la race ovine D’Man ont été étudiées dans les oasis des gouvernorats de Tozeur et Kebili du Sud Tunisien. Les données utilisées provenaient : i) d’une enquête économique sur les systèmes de production, réalisée auprès de 57 éleveurs, ii) mesures morphologiques de 745 animaux et iii) un fichier de contrôle officiel (Office d’élevage et de pâturage) des performances de 759 agneaux pendant 4 campagnes (2003-2006).
La taille moyenne était de 109 et 102 cm respectivement pour les béliers et les brebis et les hauteurs au garrot respectives étaient de 82 et 74 cm. Les poids moyens des agneaux D’Man élevés dans les oasis Tunisiennes étaient de 3,4 (écart type = 1,3) kg, 5,9 (écart type = 2,3) kg, 11,4 (écart type = 3,5) kg et 13,1 (écart type = 3,6) kg respectivement à 10, 30, 70 et 90 jours. La croissance moyenne était de 100 g/j, 120 g/j, 140 g/j et 90 g/j respectivement entre 10 et 30 jours, 30 et 70 jours, 30 et 90 jours et 70 et 90 jours. Ces performances moyennes ont varié avec le mode de conduite (sous système de production), l’année et le mois d’agnelage et le sexe et le mode de naissance de l’agneau. Trois sous-systèmes de production ont été dégagés, « hors sol », « éleveur- agriculteur » et « éleveur -commerçant ». La courbe de croissance a été linéaire pendant les quatre premiers mois de la phase de croissance. L’ajustement linéaire par régression aléatoire a révélé des différences significatives (p<0.05) entre les courbes de croissance des trois sous système et des différents sexes et modes de naissance. La vitesse de croissance la plus élevée a été enregistrée sur les agneaux élevés en sous système éleveur- agriculteur suivie par ceux élevés en sous système éleveur- commerçant. La vitesse de croissance des mâles était plus importante que celles des femelles. Quant au mode de naissance, les agneaux nés simples avaient la croissance la plus rapide suivis par les doubles. Cependant, entre les triplets et les quadruplets, il n’y avait pas des différences significatives de croissance (p>0.05).
Une amélioration de la conduite, principalement alimentaire, peut améliorer davantage les performances de croissance des agneaux D’Man sous les conditions des oasis Tunisiennes.
Mots clés: ajustement, courbe, ovin, régression aléatoire, système de production
Growth performances of lambs of the D’Man breed were studied in the oasis of Tozeur and Kebili governorates, in the south of Tunisia. Data were from i) a socio economic survey on 57 farm production systems, ii) conformation measures collected on 745 animals and iii) official growth recording data (Livestock and pasture office) of 759 lambs recorded between 2003 and 2006.
Means of stature and tourniquet height were 109, 102, 82, and 74 cm for rams and ewes, respectively. Live body weights at 10, 30, 70, and 90 days were 3.4 (SD = 1.3) kg, 5.9 (SD = 2.3) kg, 11.4 (SD = 3.5) kg, 13.1 (SD = 3.6) kg, respectively. And daily weight gains were 100 g, 120 g, 140 g, and 90 g between 10-30, 30-70, 30-90, and 70-90 days, respectively. These growth performances varied with management (production system), year and month of parturition, and sex and birth mode of lambs. Three production systems were found, “out of soil”, “breeder-farmer” and “breeder- merchant” management modes. Curves were linear in the first four months of growth period of lambs. Random linear regression revealed significant differences (p<0.05) between production systems, sex and birth mode curves. The highest growth rates were recorded on lambs in breeder-farmer followed by breeder- merchant system. Growth rate of males was greater than that of females. As for the weaning mode, single weaning lambs had the fastest growth followed by double weaning lambs. There were no significant differences (p>0.05) between triplet and quadruplet weaning lambs.
Growth performances of the D’Man breed in Tunisia may be further improved by improving management, especially feeding systems.
Key words: curve, fitting, production system, sheep, random regression
En élevage ovin orienté vers la production de viande, le profit majeur est souvent l’amélioration de la productivité numérique de la brebis. L’amélioration du poids total de la portée au sevrage par brebis ayant mis bas est possible, à travers l’élevage des brebis ayant des tailles de portée élevées (Rekik et al 2005).Ceci justifie la présence de la race ovine D’Man Marocaine introduite en Tunisie depuis 1994 avec un noyau initial de 100 brebis et 12 béliers (Rekik et al 2005). La race D’Man a connu par la suite une large extension; particulièrement dans le milieu oasien au sud du pays (Rekik et al 2005). Il s’agit d’une race a caractéristiques reproductives exceptionnelles telles qu’une prolificité élevée, précocité sexuelle et bonne fertilité (Boujenane 2003), dont le berceau originel est les palmeraies du sud Marocain (Bouix et Kadiri 1975), particulièrement le Tafilalet. La race a été par la suite diffusée dans les palmeraies algériennes du Touat, du Tidikelt et du Gourara.
Les brebis de la race D’Man produisent en moyenne entre 97 kg du lait en 12 semaines de lactation (Boujenane et Lairini 1992) à 133 kg pendant une durée de lactation de 13 semaines (Boujenane et Kerfal 1992). Le lait de la brebis de la race D'Man contient en moyenne 5,6% de matière grasse et 5% de protéines (Boujenane et Kerfal 1992). Les agneaux pèsent en moyenne 2,60 kg à la naissance (Mahouachi et al 2004, Kerfal et al 2005), 7,69 kg à 30 j, 19,8 kg à 90 j et 28,4 kg à 135 j (Boujenane et Kerfal 1992). Les gains moyens quotidiens ‘GMQ) sont de l’ordre de 166 g entre10 et 30 j, 201 g entre 30 et 90 j et 189 g entre 90 et 135 j (Kerfal et al 2005). L’objectif de cette étude était de dégager les modes de conduite de la race D'Man introduite dans les oasis Tunisiennes et d’évaluer et modeler la croissance des agneaux de cette race.
Dans cette étude, on a utilisé les données relatives à la race D’Man élevée dans les gouvernorats de Tozeur et de Kebili sises au sud ouest tunisien et appartenant à l’étage bioclimatique saharien. Ces régions se caractérisent par une faiblesse et une irrégularité saisonnière et annuelle des précipitations (inférieure à 90 mm). Face à un tel climat, les communautés se concentrent dans les oasis (Rekik and Ben Hammouda 2000) où le système de production est en irrigué caractérisé par une organisation des cultures en trois strates : la première est la strate des palmiers dattiers, puis vient celle des arbres fruitiers et enfin une strate inférieure cultivée soit en cultures fourragères soit en cultures maraîchères.
L’enquête a touché 57 éleveurs de la race D'Man réparties sur 11 délégations des deux gouvernorats de Tozeur et Kebili. Les données collectées concernaient des informations sur les situations sociale, économique et technique de l’éleveur, l’identification de l’exploitation (superficie, cultures, emplacement, etc.) et l’élevage (le cheptel, l’alimentation, le calendrier fourrager, les catégories des animaux, les performances zootechniques et l’hygiène du troupeau).
Des mensurations de la taille, la hauteur au garrot, le périmètre thoracique, ainsi que l'age et la couleur de la robe ont été prises sur 745 animaux de sexes différents chez des éleveurs privés des Gouvernorats de Tozeur et de Kebili.
Les données de croissance de 759 agneaux de race D’Man élevés dans le gouvernorat de Tozeur (431 agneaux) et le gouvernorat de Kebili (328 agneaux) ont été collectées entre 2003 et 2006 dans le cadre de programme de contrôle des performances réalisé par l’office d’élevage et de pâturage.
Les différents systèmes d'élevage de la race D’Man ont été identifiés par analyse factorielle en composantes principales (SAS 1989). Les variables initiales concernaient le niveau d'instruction de l’éleveur, la surface fourragère, l’association d'élevage caprin, effectif des brebis de la race ovine D'Man, application des techniques du flushing et du steaming, sexe ratio, taux de renouvellement du troupeau et participation dans les campagnes nationales de vaccination. Les poids aux âges types des agneaux ont été calculés soit par interpolations soit par extrapolations linéaires selon le cas, que le poids est compris entre deux pesées successifs ou non. A partir de ces poids, les croissances correspondantes ont été déduites. Le modèle d’analyse des sources de variations (par la procédure GLM dans SAS 1989) des poids et des GMQ correspondants a inclus les effets fixes du mois de naissance, l’interaction ferme x troupeau x année d’agnelage et l’interaction du sexe x mode de naissance de l’agneau (1, 2, 3, 4, et 5 et plus).
Les courbes de croissance des agneaux D’Man ont été ajustées en premier lieu par les modèles non linéaires de Brody, Gompertz et Bertalanffy (Topal et al 2004). Cet ajustement non linéaire s’est avéré inefficace, on a donc procédé à des ajustements linéaires par régression aléatoire pour caractériser la croissance des agneaux. En fait les données recueillies concernaient les 4 premiers mois qui correspondent à la phase linéaire de croissance. Pour déterminer la courbe de croissance moyenne par système, on a considéré le modèle de régression aléatoire suivant en utilisant la procédure MIXED dans SAS (1989) :
Yijk = SSi + AN(SS)ij + eijk
Où :
Yijk est le poids en kg ;
SSi est l’effet du sous-système d'élevage i (hors- sol, éleveur- agriculteur et éleveur- commerçant);
AN(SS)ij est l’effet aléatoire de l’agneau dans le sous-système d'élevage;
eijk: ~ N (0, σe2).
Pour la courbe de croissance moyenne par sexe et mode de naissance on a considéré le modèle suivant en utilisant la procédure MIXED dans SAS (1989) :
Yijklm = µ + Ai + SSj + SMkl + eijklm
Où :
Yijklm est le poids en kg;
Ai : est l’effet de l'année de naissance
SSj : est l’effet du sous-système d'élevage i (hors- sol, éleveur- agriculteur et éleveur- commerçant);
SMkl est l’effet aléatoire de l’agneau l par sexe et mode de naissance k;
eijklm: ~ N (0, σe2).
On a pu dégager par analyse factorielle en composante principale trois différents modes de conduite de la race D’Man dans les oasis du sud ouest de la Tunisie :
Les éleveurs appartenant à ce sous-système sont d’un bon niveau d’instruction. Ils sont des fils d’ agriculteurs et/ou des universitaires bénéficiant d’une formation en élevage ovin D'Man, à travers des campagnes de formation réalisées par des organismes d’appuis. Par conséquent, ces éleveurs sont conscients de l’importance des différentes techniques alimentaires et sanitaires nécessaires pour un élevage D'Man tels que le flushing, le steaming et les vaccins contre les maladies infectieuses. Néanmoins, les ressources fourragères sont parfois limitées d’où la tendance vers le hors-sol. Ainsi, l’alimentation se base sur les concentrés surtout pour les éleveurs ayant des surfaces fourragères faibles alors que le reste des éleveurs, la luzerne verte ou sèche présente une grande part dans la ration. Dans ce sous système les caprins sont élevés en association avec les ovins (32,1 % des troupeaux enquêtés), mais la priorité est cédée à l’élevage ovin et les caprins sont juste une source du lait pour allaiter les agneaux nés multiples qui ne reçoivent pas de quantités suffisantes du lait de leurs mères, les agneaux orphelins et les nouveaux nés refusés par leurs mères.
Ce type se caractérise par des éleveurs à niveau d’instruction moyen, des surfaces fourragères importantes et des effectifs de femelles reproductrices importants (au moins 20 femelles reproductrices). La seule technique de reproduction respectée dans ce sous système est le sexe ratio. L'alimentation se base essentiellement sur les mauvaises herbes et les sous produits des palmiers dattiers tels que les dattes déclassées et les palmes sèches.
Les éleveurs de ce type ont un faible niveau d’instruction, les surfaces fourragères sont restreintes et les effectifs ovins sont limités. On remarque l’absence de pratiques d’amélioration de la productivité. Cependant, la principale caractéristique déterminante de ce sous système est le taux important de renouvellement du cheptel, il parait que le premier profit de ces éleveurs, qui occupent d’autres professions à coté de l’élevage, est d’engraisser les animaux qui seront destinés principalement à la vente. On remarque aussi, la présence des caprins avec des effectifs importants, montrant ainsi une orientation des éleveurs vers l’élevage caprin plutôt que celui des ovins qui reste marginalisé et les animaux D'Man sont conduit comme étant des chèvres. Ainsi les éleveurs ne respectent aucune spécificité de cette race, ni dans l’alimentation et la prophylaxie, ni dans la conduite de la reproduction où parfois il y’a recours à des béliers d'autre races, fréquemment la queue fine d'Ouest, pour la lutte.
La taille, la hauteur au garrot et le périmètre thoracique moyens sont respectivement de 103,4 cm, 76 cm et 86,1 cm (Tableau 1).
Tableau 1. Moyennes (écart type) de la taille, de la hauteur au garrot et du périmètre thoracique des brebis et des béliers D’Man dans les oasis Tunisiennes |
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Bélier |
Brebis |
Taille, cm |
109,3 (13,9) |
102,1 (10,9) |
Hauteur au garrot, cm |
81,8 (14,2) |
73,5 (23,8) |
Périmètre thoracique, cm |
97,2 (17,5) |
83,6 (8,0) |
Ces mensurations sont plus élevées chez les mâles par rapport aux femelles (la hauteur au garrot est de 81,8 cm et 73,5 cm respectivement pour les mâles et les femelles). Ces valeurs s’éloignent de ceux avancées par Boujenane (1990), qui a trouvé une hauteur au garrot entre 60 et 70 cm pour les mâles et entre 50 et 60 cm pour les femelles. La supériorité des mâles pour les mesures de conformation est observée à différents âges (Tableau 2), sauf, en première année ou les femelles réalisent une taille et un périmètre thoracique plus élevés,due probablement à l’entrée précoce des femelles en reproduction à un âge de 6 à 7 mois.
Tableau 2. Moyennes (écart type) de la taille, de la hauteur au garrot et du périmètre thoracique des mâles et des femelles D’Man selon l'age dans les oasis Tunisiennes |
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Sexes |
Femelle |
Mâle |
||||
Ages, ans |
Taille, |
Hauteur au garrot, cm |
Périmètre thoracique, cm |
Taille, |
Hauteur |
Périmètre thoracique, cm |
1 |
98,5 (11,2) |
71,2 (5,3) |
79,9 (6,9) |
96,7 (19,8) |
78,7 (14,2) |
94,9 (34,5) |
1,5 |
98,1 (15,7) |
71,1 (6,6) |
80,1 (11,5) |
105,9 (8,3) |
82,1 (6,5) |
92,5 (8,8) |
2 |
100,6 (10,7) |
71,4 (9,4) |
82,2 (6,8) |
111,6 (14,0) |
82,2 (6,9) |
94,6 (8,4) |
2,5 |
97,5 (13,3) |
69,4 (4,4) |
76,4 (5,8) |
108,3 (7,5) |
88,0 (5,9) |
99,3 (5,9) |
3 |
101,2 (7,6) |
76,7 (47,4) |
83,8 (7,9) |
119,8 (5,9) |
90,6 (3,6) |
110,4 (5,1) |
4 |
106,0 (9,9) |
75,0 (6,2) |
87,4 (8,6) |
116,0 (4,7) |
76,9 (9,0) |
106,5 (11,0) |
Les mêmes caractères de conformation, varient avec la couleur de la robe. En fait, les hauteur au garrot et périmètre thoracique les plus importants ont été observés chez des animaux à corps blanc et membres roux alors que la taille la plus élevée a été enregistrée chez des animaux à robe blanche et tête rousse
Les poids moyens des agneaux D’Man (Tableau 3) sont de 3,4 Kg, 5,9 Kg, 11,4 Kg, 13,1 Kg, respectivement à 10, à 30, à 70 et 90 jours. La croissance moyenne est de 100 g/j entre 10 et 30 jours, elle atteint sa vitesse maximale (140g/j) entre 30 et 70 jours puis diminue avec l’âge.
Tableau 3. Poids moyens aux âges types et GMQ des agneaux (écart type) |
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Variables |
N |
Moyenne, kg |
P10 j |
737 |
3,4 (1,3) |
P30j |
714 |
5,9 (2,3) |
P70j |
692 |
11,4 (3,5) |
P90j |
598 |
13,1 (3,6) |
GMQ10-30j |
713 |
0,1 (0,09) |
GMQ30-90j |
598 |
0,12 (0,05) |
GMQ30-70j |
692 |
0,14 (0,07) |
GMQ70-90j |
598 |
0,09 (0,08) |
Ces résultats sont, d’une part, similaires à celles de Boujenane et Kerfal (1992) qui ont trouvé des GMQ faibles entre les âges de 10 et 30 jours (120g/j), à cause des faibles productions laitières des brebis D'Man. Les mêmes auteurs ajoutent que la croissance est accélérée entre 30 et 70 jours d'âge car durant cette période d'âge, la plupart des éleveurs pratiquent le sevrage à un âge de 45 à 60 jours et les agneaux commencent à recevoir des rations composées essentiellement de concentré pour acquérir du poids plus rapidement. D’autre part, les performances de croissance obtenues sont inférieures à celles de Kerfal et al (2005) qui ont rapporté des poids moyens de 7,69 Kg et 19,8 Kg, respectivement à 30 et à 90 jours d’âge. Ces valeurs relativement élevées sont réalisées dans une station expérimentale où la ration des brebis pendant les périodes de lutte et d’agnelage est de bonne qualité. La comparaison entre les deux sexes a montré la supériorité des agneaux mâles pour tous les caractères étudiés. En effet, les mâles avaient des poids plus élevés et une croissance plus rapide que les femelles. Il parait aussi que les poids et les GMQ évoluent inversement au mode de naissance du fait que les doubles ont des moyennes plus faibles que les simples. Ces résultats confirment celles de Kerfal et al (2005) qui ont affirmé que le poids à la naissance diminue significativement avec l'accroissement de la taille de la portée. Cette diminution de poids est aussi remarquée aux stades ultérieurs de la croissance jusqu'au sevrage. Le ralentissement de croissance chez les agneaux nés multiples est le résultat de la capacité laitière de la mère ressenti le premier mois, et s’atténue avec l’age grâce à une croissance compensatrice des agneaux nés multiples qui se manifeste durant la période post-sevrage.
La saison d’agnelage est un facteur d’influence hautement significatif (P<0,001) pour tous les paramètres de croissance étudiés (les poids au âges types et les GMQ correspondants à l’exception du GMQ 70-90). L’effet de la saison de naissance est ressenti sur l'évolution des poids des agneaux, puisque les agneaux nés en printemps ont des poids aux âges types plus élevés que les agneaux nés en autres saisons. Ces résultats sont conformes à celles de Derquaoui (2003) qui a trouvé que les agnelles nées en été étaient plus lourdes (27 kg) que celles nées en hiver (25 kg) à la puberté. La conduite alimentaire qui varie entre les saisons mais aussi d’un sous système d’élevage à un autre explique les différences de performances de croissance (tableau 4) qui se manifestent entre les trois sous-systèmes identifiés dans le sud Tunisien. Les agneaux qui sont chez les éleveurs- agriculteurs croient mieux que les agneaux élevés dans les deux autres sous systèmes (Tableau 4).
Tableau 4. Poids et GMQ moyens (écart-type) par mode de conduite de la D’Man dans les oasis Tunisiennes |
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Variable, kg |
Hors sol |
Eleveur agriculteur |
Eleveur commerçant |
P10j |
3,4 (1,3) |
3,4 (1,3) |
2,2 (1,2) |
P30j |
5,3 (1,9) |
6,1 (2,2) |
4,7 (0,9) |
P70j |
10,3 (3,3) |
11,9 (3,5) |
10,3 (1,5) |
P90j |
11,7 (3,4) |
13,7 (3,6) |
12,1 (1,2) |
GMQ 10-30j |
0,1 (0,06) |
0,1 (0,08) |
0,11 (0,06) |
GMQ 30-70j |
0,12 (0,06) |
0,15 (0,07) |
0,14 (0,04) |
GMQ 70-90j |
0,08 (0,07) |
0,09 (0,08) |
0,09 (0,04) |
GMQ 30-90j |
0,11 (0,04) |
0,13 (0,04) |
0,12 (0,02) |
De même, la conduite des animaux (le troupeau) est un facteur déterminant des poids à 10, 30, 70 et les GMQ10-30, 30-70, 70-90 et 30-90 jours, reflétant ainsi l'importance surtout de la conduite alimentaire des troupeaux. L'interaction entre ferme, année et mois de naissance est aussi à effet significatif, elle présente plus précisément l'importance des disponibilités fourragères. L’effet de cette interaction a été observé (p<0,05) surtout pour le P30 et le GMQ10-30 vue que l'agneau est encore sous dépendance de la valeur laitière de la mère. Cette dernière dépend étroitement de la nature et la quantité des rations offertes entre 10 et 30 jours. En plus de ces facteurs, le sexe et le mode de naissance ont affecté les paramètres de croissance. Ainsi, il sont hautement significatifs (p<0,001) pour les poids à 10, 30, 70 et 90 jours, significatif (p<0,05) pour le GMQ 10-30 et non significatifs (p>0,05) pour les GMQ30-70 et GMQ70-90 vue que les agneaux commencent une étape de croissance compensatrice indépendante de la production laitière de la mère. Par ailleurs, l’analyse de la croissance par un modèle mixte où ces facteurs fixes (année et saison d’agnelage, mode et sexe de naissance et troupeau) ont été inclus en plus de l’effet aléatoire de l’agneau a donné des résultats similaires au modèle fixe (sans effet agneau) concernant l’importance des facteurs de conduite et de climat (résultats non montrés ici).
Une fonction qui décrit l’allure de la courbe réelle de croissance ne peut être applicable d’une manière systématique, elle diffère d’une race à une autre (Najari et al 2004) et est tributaire des différences observées au niveau du potentiel génétique des individus, l’environnement et surtout la conduite. Tous ces facteurs affectent l'allure et les paramètres des courbes de croissance, l’applicabilité de chaque modèle reste associée à un matériel animal et à un environnement défini, l'équation convenable d'ajustement de la courbe de croissance est l'équation qui prédit correctement l'allure de la courbe de croissance et qui peut être modifié pour donner une flexibilité et une précision maximale (Topal et al 2004). Par conséquence, on a essayé d’ajuster la courbe de croissance des agneaux D’Man par les modèles de Brody, Gombertz et de Bertalanffy. Il semble que cette dernière fonction surestime les poids mesurés. Mais d’une manière plus réduite par rapport à celles obtenues par les fonctions de Brody et de Gompertz avec un coefficient de détermination proche de 90%. Ces résultats restent non satisfaisants.
L’étude de la croissance des agneaux D’Man par régression aléatoire a abouti à des courbes spécifiques pour chaque sous-système (Figure 1).
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(HS: Hors-sol, EA: éleveur- agriculteur et EC: éleveur- commerçant) dans les oasis Tunisiennes |
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D’ailleurs, l’intercepte (solution pur chaque mode de conduite) était de 3,14, 2,92 et 2,03 kg respectivement pour le hors-sol, éleveur -agriculteur et éleveur- commerçant, indiquant ainsi, que les agneaux D'Man élevé en sous système hors-sol réalisent les meilleurs poids à la naissance, due principalement à la pratique de la technique du steaming par 47,7% des éleveurs appartenant à ce sous système. En outre, les agneaux du sous-système éleveur- agriculteur avaient de loin les meilleures croissances, la croissance hebdomadaire était de l’ordre de 0,91 kg. On remarque aussi, que les agneaux élevés en sous système hors-sol réalisent des vitesses de croissance plus élevée que ceux du sous système éleveur- commerçant, jusqu’à l’âge de deux mois et demi, à partir de cette âge, on s’aperçoit que ce sont les agneaux de sous système éleveur- commerçant qui croient plus rapidement. Ces résultats s’expliquent d’une part, par les ressources fourragères qui restent limitées en sous système hors- sol d’où la lente vitesse de croissance et d’autre part, à l’effet d’engraissement que reçoivent les agneaux par les éleveurs commerçants.
Les courbes linéaires aléatoires de croissance des agneaux par sexe et mode de naissance ont révélé des différences entre aussi bien le sexe de l’agneau que le mode de naissance (Figures 2 et 3).
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Les moyennes des coefficients de régression hebdomadaires étaient de 0,93kg (écart type = 0,6), 0,83 kg (écart type = 0,3), 0,97 kg (écart type = 0,3), 0,86 kg (écart type = 0,3), 0,79 kg (écart type = 0,4) et 0,78 kg (écart type = 0,3) respectivement pour les mâles et les femelles et les modes de naissance simple, double, triple et quadruple. Il parait que les mâles acquièrent du poids d’une façon plus rapide que les femelles (Figure 2), et que les agneaux nés simples réalisent une croissance plus accélérée que les agneaux nés multiples. Cependant, il n'y a pas de différence remarquable entre les agneaux nés triples et quadruples, les deux courbes se superposent (Figure 3).
Les performances de la race D'Man réalisées dans les oasis Tunisiennes étaient inférieures aux résultats avancés par d’autres études.
Les causes de ces performances limitées pourraient s’expliquer par des défaillances de conduite principalement l’alimentation.
La variation phénotypique de la croissance a été affectée par plusieurs facteurs dont les plus importants sont le mode de conduite, l’année et le mois de naissance et le sexe et mode de naissance.
L’ajustement des croissances par la régression linéaire aléatoire a montré que la courbe de croissance varie avec le mode d’élevage.
Les agneaux du sous système éleveur- agriculteur avaient les croissances les plus rapides suivis par ceux élevés dans le sous système éleveur- commerçant alors que les agneaux chez les éleveurs du sous système hors-sol ont les poids à la naissance les plus élevés.
La D’man d’origine oasienne Marocaine a montré de bonnes capacités d’adaptation dans les oasis Tunisiennes.
Une amélioration de la conduite peut contribuer davantage à l’extériorisation de meilleures performances de croissance des agneaux D'Man sous les conditions des oasis Tunisiennes.
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Received 24 May 2008; Accepted 24 August 2008; Published 3 October 2008